Nous avons réalisé le reportage au centre de sauvetage des ours au Vietnam en décembre 2017.
Une première pour nous : Animals Asia est une grande association, il y avait de quoi être impressionnés ! Heureusement, nous avons trouvé en la personne de Hang plus qu’une guide, une ange-gardienne : un grand merci à elle pour nous avoir chouchoutés pendant la semaine de tournage !
Jill Robinson, une professionnelle de la protection animale, a créé Animals Asia en 1998. Très sensibilisée à la cause animale, elle a découvert avec horreur les fermes à bile en Asie et a décidé de changer le destin de nombreux ours.
En effet, dans certains pays d’Asie, et bien que ce soit illégal dans certains pays dont le Vietnam, des ours sont enfermés dans des petites cages à des fins d’extraction de leur bile, qui aurait des vertus médicinales. En réalité, la bile extraite est souvent infectée car extraite dans de très mauvaises conditions sanitaires sur des ours malades et peuvent contaminer leurs consommateurs. La deuxième raison de ne pas en consommer est qu’il existe des alternatives végétales et synthétiques plus efficaces. La troisième raison (et la plus importante à nos yeux) est que de nombreux ours vivent un enfer dans les fermes à bile : arrachés à leur milieu naturel (ils sont braconnés dans les forêts), ils passent une bonne partie de leur vie, quand ce n’est pas la totalité, enfermés seuls dans des cages où ils ne voient pas la lumière du jour et où ils ne peuvent parfois pas se mettre debout, affamés, torturés, dans des conditions sanitaires désastreuses. Leur état de santé physique et mentale est en conséquence terriblement dégradé.
Jill a souhaité offrir une nouvelle vie à ces pauvres âmes et a créé le refuge pour ours au Vietnam en 2007, à Tam Dao (nord d’Hanoï). 186 ours ont pu être sauvés à l’heure actuelle.
Aujourd’hui au Vietnam, il reste encore plus de mille ours enfermés dans des fermes à bile : Jill continue à travailler main dans la main avec les autorités gouvernementales pour sortir ces animaux de leur enfer et les installer dans des parcs où ils peuvent avoir une vie décente, c’est à dire exprimer leurs comportements naturels, manger à leur faim, jouer avec leurs congénères, et surtout ne plus souffrir.
Un ours enfermé dans une cage dans une ferme à bile
Crédits: Animals Asia
Malheureusement pour eux, ils ne peuvent être relâchés dans la nature, car leur état de santé est trop dégradé pour qu’ils puissent survivre seuls : tous les ours du refuge présentent des pathologies liées aux années d’enfermement et de maltraitance, telles que des problèmes articulaires, dentaires, de vue, de rein, membre amputé… De plus, les forêts vietnamiennes n’offrent pas assez d’espace assez grand et suffisamment protégé pour assurer leur sécurité : les braconniers sont encore très présents.
Heureusement, les ours sont des animaux incroyablement résilients : après des années de maltraitance, la plupart d’entre eux deviennent gourmands, joyeux et joueurs. Ils s’adaptent bien à la vie au refuge et tout y est fait pour assurer leur bien-être physique et mental : régime alimentaire varié, jeux quotidiens avec stimulation des sens, introduction de nouveaux congénères par étape, soins en douceur… Tout est étudié et réfléchi de façon bienveillante. Chaque ours est bien sûr individualisé et porte un nom, qu’il connaît.
Le refuge qui accueille 117 ours emploie environ 80 salariés : chacun-e fait partie d’une ou plusieurs équipe(s) spécialisée(s) : les soigneurs, les comportementalistes, les cuisiniers, les créateurs de jouets, les surveillants, les traducteurs, les gardes, l’équipe de communication… Chacun-e connaît son rôle, peut se faire former au sein de l’association, et peut gravir des échelons. Nous avons été impressionnés par l’implication de chaque salarié-e que nous avons croisé pendant ce reportage : chacun-e est vraiment très attentif et attentionné à sa tâche, et même plus encore, tout le monde adore les ours !
Nous avons eu la chance d’assister à la visite médicale bisannuelle d’un ours à collier dénommé Humphrey. Âgé d’environ 17 ans, il est arrivé au refuge en 2015, et a passé plus de dix années enfermé dans une cage dans une ferme à bile. Durant la séance, pendant laquelle il a été anesthésié, les vétérinaires ont vérifié chaque partie du corps. Nous avons pu constater les nombreuses cicatrices sur son abdomen, traces des nombreuses piqûres liées au prélèvement de sa bile... Le « manager » d’Humphrey est venu un court moment pour vérifier que son protégé allait bien, et nous avons pu lire dans ses yeux l’inquiétude à son sujet. Heureusement, l’état général d’Humphrey ne s’est pas dégradé, il a seulement fallu lui extraire une canine cassée, fragilisée par tant d’années de maltraitance.
Ultime preuve du profond respect voué aux ours, le refuge de Tam Dao est doté d’un cimetière, où se trouvent les tombes des ours décédés.
L’association Animals Asia, qui est également très active en Chine, ne se contente pas de sauver des ours : elle lutte également contre la consommation de viande de chien et de chats (et les trafics qui en découlent), et contre la captivité des animaux sauvages en réalisant des enquêtes, en dénonçant les mauvaises pratiques, et en réalisant des campagnes d’information auprès du public. Au refuge pour ours du Vietnam, une salle entière est consacrée à l’éducation des écoliers, avec du matériel pédagogique adapté. Après avoir suivi une journée d’informations, plusieurs enfants ont convaincu leur famille de libérer des ours et les confier au refuge.
Chaque année, Animals Asia peut s’enorgueillir de faire progresser la condition animale : s’agissant des ours des fermes à bile au Vietnam, l’association a signé en 2017 un protocole d'accord avec le gouvernement vietnamien, consacrant la fin complète de l'élevage de la bile d'ours dans le pays d'ici 2022, et une vie libre pour les 1 000 ours actuellement détenus dans les fermes de ce pays.
Pour en savoir plus sur l’association et pour les soutenir, vous pouvez cliquer ici.
Contact: contact@animal360.fr